Les Maures l’appellent kessera, les Tunisiens, la khobsa. Le pain saharien, dont la préparation ingénieuse a été décrite par Théodore Monod dans les années 1920 déjà, est toujours préparé de la même manière et donc, toujours aussi bon et délicieusement odorant. Voici la recette, qui, au Québec, peut être faite dans le carré de sable le plus près de chez vous (un pit de sable ferait aussi l’affaire, ainsi que la plage Germain, mais je sais pas si on a le droit... ma soeur, tu tenteras ta chance cet été et tu nous tiendras au courant) :

1.Allumer un feu de bois séché et de broussailles dans le sable et attendre que le combustible ait tourné au charbon incandescent
2.Mélanger de la farine, de l’eau et du sel dans un bol
3.Bien pétrir
4.Étendre un linge sur le sol et former une grande galette plate avec la pâte, à peu près de la grosseur d’une pizza 12 pouces (mais c’est ben meilleur, je vous assure!)
5.Avec un bâton, dégager les charbons et le sable afin de former une cavité ronde peu profonde de la grosseur de la pâte
6.Y mettre la pâte (la délicatesse est ici de mise!)
7.Recouvrir la pâte du charbon et du sable
8.Attendre une bonne vingtaine de minutes
9.Quand de mini geysers apparaissent tout autour de la pâte, vérifier si la khobsa est prête en tapant sur le charbon ensablé avec un bâton
10.Si ça fait « touc touc », c’est prêt
11.Si ça ne fait pas « touc touc », c’est pas prêt, donc attendre un peu
12.Lorsque ça fait « touc touc », dégager la galette avec le bâton et la prendre avec le linge
13.Souffler puis taper sur la khobsa pour en dégager le sable et le charbon
14.Déguster et, surtout, humer!

Excellente lorsque trempée dans toute forme de stew tomatée : à l’agneau, aux lentilles, aux macaronis, à louette :.) Aussi très bonne au petit matin lorsque recouverte de Vache qui rit et trempée dans un café au lait légèrement ensablé. Et pis, faut l’admettre, le pain, ça constipe. Et dans le désert, on préfère ça à autre chose. On se comprend?

L’odeur du pain chaud, quelle qu’en soit la forme et la saveur, est sans doute l’une des odeurs les plus universellement réconfortantes qui soit. Lorsqu’un homme sent du pain, il se reconnaît lui-même, il n’a plus peur, il a le goût de sourire et de discuter avec ses compagnons, il se sent chez lui. Pour nos hôtes, qui préparent le pain dans le creux des dunes deux fois par jour, ce chez soi, c’est le Sahara tout entier. Et de ce fait, lorsque les mains rugueuses d’Edy rompaient délicatement la khobsa pour nous en offrir de généreux morceaux, on se sentait les bienvenus chez lui.

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