Les dromadaires

Je ne tiens pas ici à souligner autant la sensation amusante accompagnant toucher du pelage rugueux et frisé des dromadaires ou la sensation humide de leurs lèvres dans la paume lorsque je leur faisait don de quelques pelures d’oranges que les conséquences légèrement handicapantes qui résultent d’un trajet prolongé sur les dos d’un de ces animaux. Ceux qui ont déjà chevauché un dromadaire seront d’accord avec moi : il s’agit là d’une expérience qui nous permet de prendre conscience de l’existence de parties de notre corps dont, jusque-là, nous ne soupçonnions pas l’existence. À force de se laisser bercer par le rythme doucement cadencé de la marche du dromadaire, et de peu à peu relâcher la raideur que nous avons tort de conserver dans le bas du dos, une sensation légèrement inconfortable, puis de plus en plus douloureusement apparaît sous les fesses. Après deux heures de ce régime, on a l’impression que deux petits os pointus vont nous sortir du derrière. Au terme de la randonnée, lorsque vient le temps de marcher à nouveau, on est, l’instant de quelques secondes, dans l’obligation de marcher comme Charlot, la canne et le costume en moins. C’est l’effet dromadaire. Il paraît que ça s’estompe avec le temps. Tout de même, fesses sensibles, s’abstenir.

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Le soleil

Le soleil saharien plombe pour de vrai. Il est sincère, direct, omniprésent. Lorsque le soleil plombe, on devient plus lourd, sa chaleur nous couvre tout entier, on le sent irradier notre peau, s’infiltrer sous notre visage, chauffer la semelle de nos chaussures. Mieux vaut alors se badigeonner de crème solaire protection 45, surtout dans le cas des teints de lait, autrement, le look écrevisse cramé vous guette dangereusement. « En été, nous confie Khalifa, le soleil est si fort qu’il est impossible de toucher le sable sans littéralement se brûler. Pour cette raison, passé le mois de mai et jusqu’à l’automne, personne ne vient dans le désert. » En ce mois de janvier, la chaleur du soleil qui plombait sur le Grand erg et ses champs de dunes était juste ce qu’il fallait d’hospitalière. Je n’ose imaginer la fournaise infernale que devient cet environnement au cours des mois de canicule. Alors, seul le scorpion et le serpent doivent se réjouir.

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