Les refrains de Medani

Lors des quelques heures que j’ai passées sur le dos du dromadaire de tête de Medani, ce dernier, qui ouvrait la marche devant nous armé de son bâton de marche bien appuyé sur ses épaules, ne pouvait se retenir de chanter. Medani aime chanter. Ça s’entend. Et réciproquement, nous aimions l’écouter fredonner ces airs sahariens de sa voix puissante et enjouée. Medani chante des chansons qui parlent de héros légendaires, d’amours et de mariages, de la lune et du feu. Parfois aussi, il improvisait un air sur le thème de notre journée et, sublimant en paroles rythmées notre quotidien, ne manquait pas de faire rire Edy et Khalifa. « Mabrouk! » (« bravo! »), ne pouvais-je alors m’empêcher de lui dire du haut de ma monture, et cela le faisait inévitablement rire.

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Le bindir et la gasbayah

En plus de posséder une belle voix, Medani est aussi musicien, tout comme son compagnon Edy. Au cours de quelques soirées, alors que nous étions repus et que la chaleur du feu nous abandonnait tout entiers à la paresse, nos hôtes sahariens nous ont ainsi offert de petits concerts improvisés à la fois rythmés, souriants et émouvants.

Medani manie en percussionniste expérimenté son bindir, un tambourin plat large d’environ 35 cm recouvert de peau qu’il a lui-même fabriqué et dont il prend grand soin. Accompagnant de rythmes changeants mais toujours dansants ses airs sahariens, il a pour choriste Edy qui, de sa voix agréablement nasillarde, fait office de choeur inspiré (le hit de la semaine? “Sidi Mansour”, dont nous connaissions quelques paroles). Et lorsqu’une chanson se termine, Edy empoigne parfois sa gasbayah, une flûte de métal qui ressemble à la fois à une flûte à bec sans bec et à une flûte traversière (et de laquelle nous n’avons jamais réussi à faire sortir un seul son, pas même un pfiiiit! faux) et emplit la nuit silencieuse d’un souffle chaud, doux et calme. Cette musique saharienne est sans doute la plus divine merveille que le désert a inspirée aux hommes.

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