Membres indispensable de la méharée, les dromadaires de Medani et d’Edy. Ils étaient au nombre de 5. 3 d’entre eux étaient en rut, donc devaient être constamment surveillés pour éviter qu’ils ne s’éloignent trop du campement à la première odeur de femelle venue. Les deux autres étaient de jeunes dromadaires. Le plus jeune des deux, âgé de 5 ans et pourvu d’un air et d’un physique franchement enfantins, en était à sa première année de méharée. Lui aussi, ainsi que son comparse un peu plus âgé que lui, devaient constamment être surveillés, puisqu’ils voulaient toujours se chamailler. « En ce moment, c’est pas possible avec les dromadaires », ne cessait de dire Khalifa. « On ne peut les laisser seuls, sinon ils font des bêtises ». On croirait entendre le parent d’un ado boutonneux.

Comparse de nos journées et indispensables alliés des chameliers méharistes qui en prennent un soin affectueux, les dromadaires sont des animaux posés et robustes. Ainsi n’ont-ils fait preuve d’aucun comportement agressif ou impulsif pendant la semaine, ainsi aussi n’ont-il ingurgité aucune goutte d’eau en 6 jours. Impressionnant. Lorsque je pense à nos compagnons poilus, plusieurs images me viennent en tête : leurs silhouettes allongées au creux d’une dune, la nuit, disposées comme en rond autour du camp; leur démarche débonnaire parmi les dunes; leurs visages altiers qui, dès que j’approchais avec mon appareil photo, s’élevaient inévitablement dans un lent geste de majesté; la course maladroite du plus petit qui, les pattes de devant liées lors des pauses comme ses comparses (afin qu’il ne parte pas à grande course et se perde), tentait de s’enfuir après avoir fait un mauvais coup; la langue des mâles en chaleur qui, lors des passages d’effluves femelles, sortait de leur bouche et se gonflait au son d’un gargouillis d’égout jusqu’à prendre l’allure d’une grosse gomme balloune parsemée d’écume; le coco de mon dromadaire lorsqu’il m’hébergeait derrière sa bosse et sur les bagages dont il était chargé, et celui du dromadaire derrière lui, qui n’avait cesse de tenter de le couper, en vain; le dromadaire glouton de Vincent qui, dès qu’un plant d’el-tem se profilait dans son champ de vision, s’empressait d’y arracher quelques feuilles; les dromadaires de tête de Medani et d’Edy (donc respectivement « mon » dromadaire et celui de Vincent) qui, lors d’une pause, offraient leur flanc ombragé à leurs maîtres, qui s’y adossaient l’instant d’une courte sieste.

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