Journal de bord

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"Lundi 21 fevrier 2000..." Première journée dans le désert. Extrait de mon journal de bord

Lundi 21 fevrier 2000

Je me réveille tôt ce matin. Un petit coup d'oeil derrière les rideaux : le soleil brille déjà. Comme c'est agréable après toutes ces journées pluvieuses ! Ouh, par contre, il fait froid...

Ma compagne de chambre est aussi réveillée. Douche - la dernière avant 6 jours, il faut en profiter ! -, habillage - "Qu'est-ce que tu mets, toi ? Il fait froid dehors.", bouclage des bagages - ne pas oublier l'appareil photo et la crème solaire dans le sac à dos de la journée -, et nous voici fin prêtes pour le petit déjeuner.

Le buffet est très appétissant et très complet. Il y en a vraiment pour tous les goûts : pain et viennoiseries, diverses confitures, une pâte à tartiner tunisienne à base de fruits secs pilés (délicieux, mais très sucré et consistant), oeufs durs ou à la coque, fromage, petites rondelles de tomates et de concombre, olives… Je mange copieusement ; je ne sais pas ce qu'on aura dans le désert !

Nous avons rendez-vous à 9 heures dans le hall de l'hôtel avec le guide. Tout le monde est là, impatient. 9 h 15, toujours personne. Il va falloir s'habituer aux horaires tunisiens. Certains vont au bar s'acheter des bouteilles d'eau supplémentaires, d'autres s'installent au bord de la piscine… Il fait bon maintenant, je me mets en T-shirt.

9 h 30 : le guide arrive et nous partons tout de suite rejoindre l'équipe des chameliers. Là, c'est tout à coup le rush. Les chameliers prennent nos bagages pour les mettre en place sur les dromadaires, le guide suit cela de tout près et arrive au passage à nous aider à mettre notre chèche et nous partons, tous à pied derrière les dromadaires. Pas le temps de se remettre de la crème ! A quelques minutes de là, dès la première dune, nous sommes quelques uns à sortir nos appareils photos. "Non, pas maintenant, ce n'est pas beau encore !". Le guide le sait mieux que nous, mais tant pis, j'en prends une quand même dès qu'il a le dos tourné.

Premier arrêt peu de temps après pour monter sur les dromadaires. Je ne suis pas très rassurée : c'est haut ces bêtes-là ! Un chamelier m'aide à m'asseoir sur le dromadaire couché, me montre où me tenir et fait lever le dromadaire… Je suis projetée vers l'arrière puis vers l'avant, ou peut-être l'inverse, je ne sais plus, mais finalement, je me retrouve perchée, saine et sauve, sur le dos de l'animal. Et nous voilà repartis, en caravane, vers l'immensité du désert…

Pause pour le déjeuner. Descendre du dromadaire est encore plus impressionnant que d'y monter. La vue n'est pas mal de là-haut, ce n'est pas désagréable ce ballottement, mais je crois que je préfère la station debout, pieds sur terre. Les chameliers s'activent pour décharger les dromadaires, préparer à manger. Ce midi, au menu, salade tunisienne et orange. C'est frais, léger, très agréable après mon pantagruesque petit-déjeuner. Certains ont dû moins manger que moi ce matin, ils se reservent plusieurs fois. Pour faire la vaisselle, on doit utiliser le sable. On croit à une blague, mais non, ça lave super bien ! Il faut juste le faire avant que la sauce ne sèche. Impeccable aussi pour se laver les mains après l'orange bien juteuse. Une petite sieste dans le sable, un thé vert pour nous réveiller, et nous repartons, la plupart à dos de chameau, d'autres à pied.

Le paysage est magnifique cet après-midi : dunes de sable blond tout autour de nous sous un ciel d'un bleu intense… Ce n'est pas si difficile que ça de marcher dans le sable. Il est plus dur que le sable de nos plages. De temps en temps, il est tout mou : on grimpe une dune sans problème et on engage d'un bon pas la descente et hop, on s'enfonce.

En haut d'une dune, on aperçoit soudain une étendue d'eau. C'est un chott, un lac salé. On a de la chance, les chotts sont souvent asséchés. Plus en s'en approche, plus le sel craque sous nos pieds. On fait une pause à côté du lac. Le décor est extraordinaire : des roches de sel blanches, du sable blond, le bleu de l'eau…

Je suis épuisée mais remplie d'images inoubliables quand on s'arrête le soir vers 17 heures. Ceux qui étaient sur les dromadaires sont contents aussi de pouvoir soulager leur derrière. Les dromadaires déchargés, chacun s'affaire à ses occupations : recherche d'un coin toilette derrière une dune ou un arbuste, recherche d'une place pour installer son duvet, lecture sur une dune isolée… Pendant ce temps, les chameliers se sont occupés des chameaux, ont monté la grande tente berbère, sont allés chercher du bois pour le feu, le cuisinier a commencé la cuisine, le guide a installé les couvertures autour du feu, à l'abri d'une dune.

Nous sommes installés à la lisière des dunes, dans un endroit plat, avec de nombreux buissons et arbustes dont se nourrissent les dromadaires. Le sable prend une belle teinte orangée avec le jour déclinant. Nous regardons le soleil se coucher derrière les dunes. Superbe bouquet de couleurs… Dans ce moment de calme, je commence à me rendre compte que je suis dans le Sahara. Un oiseau sautille près de nous. Des scarabées noirs se pressent. Un petit lézard sort d'un buisson. La nuit tombée, la vie commence dans le désert.

Le froid commence à se faire sentir. Nous nous approchons du feu. Le cuisinier s'affaire autour des deux faitouts sur le feu. Ca sent très bon. Un chamelier sort une flûte, un autre commence à chanter. Il fait de plus en plus froid. Le guide nous apporte des couvertures. Les étoiles apparaissent, petit à petit.

Je regarde le cuisinier préparer le couscous. C'est impressionnant. Il installe le haut du couscoussier avec la semoule et le fait adhérer hermétiquement au bas avec un long tissu mouillé. Dès que la vapeur sort, il vide la semoule dans un plat et l'émiette, à la main, sans se brûler. Il la remet dans le couscoussier pour une seconde cuisson.

Entre temps, la soupe nous a été servie. Délicieusement parfumée et pas trop épicée pour nos palais délicats. Cela fait un bien fou dans ce froid. Plus personne ne parle. Le couscous est également exquis. Je suis repue ! Et réchauffée.

Après l'orange, les chameliers sortent leurs instruments de musique : flûte , bendir et darbouka. Nous tapons des mains au rythme de leurs chansons. Un chamelier se lève et se met à danser autour du feu. Il nous invite à le suivre. Mais la journée a été riche en émotions et dès 9 heures, les premiers vont se coucher, bientôt suivis par le reste du groupe.

Cette nuit, je dormirai sous la grande tente berbère. Beaucoup ont choisi de s'installer à la belle étoile pour profiter des étoiles et de la lune qui vient de se lever.

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