Un témoignage de Margot Montpezat, 20 ans

À quatre heures de route de Tozeur, grande ville de la région du Jerid, au sud de la Tunisie, il y a Douz. Véritable porte du désert, cette ville est le point de départ de notre marche de trois jours dans le désert.

Là, nous attendent les six chameaux et les trois chameliers qui seront nos guides. Il s’agit pour le moment de charger les chameaux de tout ce dont nous allons avoir besoin pour vivre et dormir dans le désert. Nous n’échangeons qu’une poignée de main avec nos compagnons de route, mais qui a son importance, car ce sont eux qui nous guiderons dans le désert, ainsi nous leur témoignons notre confiance.

Nous voilà partis, à pied, derrière la caravane qui se met péniblement mais sûrement en route. Déjà, la ville de Douze n’est qu’un petit point à l’horizon et nous découvrons alors la beauté de ce désert, au sable blanc et ce ciel d’un bleu incroyable. Très vite nous sommes totalement seuls dans cette immensité blanche. Le dépaysement est total et soudain, et il faut faire preuve de concentration pour ne pas se laisser envahir par ce spectacle éblouissant. On serait tenté de rester là, à contempler, mais il faut avancer car les chameaux ont un rythme régulier et disparaissent rapidement derrière une dune. Il est dur de ne faire que marcher dans ce paysage où à chaque instant la lumière change et avec elle, la couleur du ciel et du sable. Ce qui interpelle aussi c’est le silence qui règne, seul le bruit de nos pas et de notre souffle rythme la marche. Même les chameaux semblent se taire face à cette beauté, comme respectueux de cette force tranquille qu’ils ne font que traverser. Ainsi nous marchons et je cherche le bon rythme à adopter, celui qui me permettra de suivre la caravane sans chercher à la dépasser puisqu’elle finira de toute façon par me rattraper et me laisser derrière elle, régulière et imperturbable. Les dunes découpent le ciel et ne semblent même pas remarquer notre passage. Aux dunes, succèdent des paysages de steppes, où sont éparpillés des buissons secs qu’il faut contourner. On ne peut pas marcher droit, notre chemin se fait de plus en plus sinueux et il est difficile de ne pas perdre la trace de la caravane.

Après deux heures de marche, la caravane s’arrête. Le soleil est au zénith et il faudra attendre qu’il fasse moins chaud pour continuer notre route. Un campement est établi à l’ombre des buissons, j’observe les chameliers qui semblent décidés à préparer un déjeuner. Nous aurons droit à un délicieux pain chaud cuit sous le sable et dans la cendre, ainsi qu’à des pâtes dans ce qui ressemble à de la soupe de tomate et aux fameuses dattes. Le soleil se voile légèrement et c’est alors que l’on se rend compte de la température qu’il fera une fois que le soleil aura disparu et qu’il nous faudra affronter la nuit. Après quelques heures de marche dans de hautes dunes, le rythme de la caravane ralentit et s’arrête enfin à un endroit où nous passerons la nuit. Il est 17h, il faut se dépêcher de monter la tente de berbère  -des couvertures attachées à des morceaux de bois- qui nous protégera de l’humidité, car dans moins d’une demi-heure, il fera nuit. Un feu est allumé au moment même où le soleil se couche, offrant à nos yeux un incroyable spectacle de couleur et faisant place à des milliers d’étoiles. Nous sommes tous réunis autour du feu dans nos djellabas et c’est alors que le dialogue s’instaure avec les chameliers. Il est à peine 21h quand nous allons nous glisser dans nos sacs de couchage glacés et pleins de sable. Mais rien n’altère notre bonne humeur et déjà le sommeil vient et avec lui, plein de magnifiques images du désert. Pendant la nuit, seuls les chameaux et leur bruit si reconnaissable en cette période des amours briseront le silence qui nous entoure...

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